Pourquoi les Riches se Précipitent vers l’Or – Analyse de Robert Kiyosaki et Marin Katusa

Pourquoi les Riches se Précipitent vers l’Or – Analyse de Robert Kiyosaki et Marin Katusa

Dans un monde où le pouvoir d’achat du dollar américain s’érode continuellement, l’or s’impose comme une valeur refuge incontournable. Comme le souligne Marin Katusa, expert en investissements miniers : « Le pouvoir d’achat du dollar a significativement diminué, et historiquement, l’or est un moyen de préserver votre richesse. » Cette réalité économique pousse de plus en plus d’investisseurs avisés à se tourner vers ce métal précieux, malgré sa volatilité sur le marché spot.

Ce qui est particulièrement frappant, c’est que moins de 0,2% des actifs mondiaux détenus par les fonds souverains et les fonds de pension sont investis dans l’or. Un chiffre étonnamment bas qui suggère un potentiel de croissance considérable pour ce marché.

L’expérience personnelle de Robert Kiyosaki avec l’or

Robert Kiyosaki partage une anecdote révélatrice de son premier contact avec l’or, remontant à sa période de service au Vietnam. En 1971, lorsque Nixon a retiré le dollar du standard or le 15 août, Kiyosaki et son chef d’équipage ont décidé d’acheter de l’or, qui valait alors 35 dollars l’once et commençait à grimper vers 50 dollars.

Ils ont repéré une mine d’or sur une carte et, malgré les risques (la zone étant contrôlée par l’armée nord-vietnamienne), ils ont décidé de s’y rendre. Dans un village vietnamien, ils ont rencontré une femme qui vendait des pépites d’or. Ne parlant pas la même langue, la communication était difficile, mais la vendeuse insistait sur le prix « spot » (cours au comptant) de l’or.

Cette expérience a enseigné à Kiyosaki une leçon fondamentale : « L’or est de l’argent. Comme dit JP Morgan, l’or est de l’argent, tout le reste est du crédit. » Ce jour-là, il a compris que le dollar devenait du « papier toilette », simplement du crédit, de la dette.

L’or aujourd’hui : une valeur en pleine ascension

Aujourd’hui, l’or connaît une hausse significative, atteignant environ 3 300 dollars l’once, contre 2 000 dollars lorsque Kiyosaki et Katusa ont introduit leur mine à la Bourse de New York. Mais ce qui est remarquable, c’est que l’or est en hausse dans toutes les devises mondiales, pas seulement en dollars américains.

Marin Katusa souligne plusieurs facteurs qui rendent l’exploitation minière de l’or plus complexe aujourd’hui :

  • Les coûts de construction des mines sont plus élevés que jamais
  • Les délais d’obtention de permis et de construction s’allongent
  • Les préoccupations environnementales et communautaires sont plus fortes
  • Les risques géopolitiques sont accrus

Cependant, ces défis créent aussi des opportunités pour ceux qui savent naviguer dans ce secteur.

Stratégies d’investissement dans l’or minier

Katusa partage sa philosophie d’investissement dans les mines d’or, qu’il résume ainsi : « Les meilleures personnes au monde dans les juridictions les plus sûres du monde. » Il ajoute que « le roi, c’est la géologie, et la reine, c’est la métallurgie » – autrement dit, la capacité à extraire l’or de la roche.

Il cite plusieurs régions américaines riches en or, notamment :

  • Le Dakota du Sud (avec la mine Homestake qui a produit plus de 40 millions d’onces d’or)
  • Certaines zones du Nevada
  • L’Utah (où se trouve la mine Trixie, dans laquelle Kiyosaki et Katusa ont investi)

Katusa évoque une « renaissance minière » qui se profile aux États-Unis, comparable à la révolution du fractionnement hydraulique dans l’industrie pétrolière américaine il y a 15 ans.

Mines d’or vs pièces d’or : quelle stratégie privilégier ?

Une question cruciale se pose : vaut-il mieux investir dans des pièces d’or physiques ou dans des sociétés minières ? Katusa recommande d’avoir « un peu de tout » dans son portefeuille, mais explique les avantages spécifiques des investissements miniers :

L’effet de levier des mines d’or

Les projets miniers offrent un effet de levier (ou « torque » comme l’appelle Katusa) bien supérieur à celui de l’or physique. Il cite l’exemple d’Artemis Gold, une entreprise recommandée dans sa newsletter, dont l’action est passée de 1 dollar à plus de 20 dollars.

Ce type de rendement est impossible à obtenir en simplement stockant des pièces d’or. Cependant, Katusa prévient que l’exploration minière est coûteuse et risquée, avec des coûts de forage pouvant atteindre 1 000 dollars par mètre.

Sa stratégie personnelle consiste à se concentrer sur d’anciennes mines disposant de données historiques, à numériser ces informations et à appliquer des technologies modernes pour faire progresser le projet.

La mine Trixie : un exemple concret

Kiyosaki et Katusa ont investi dans la mine Trixie, située en Utah (symbole boursier ODV sur le New York Stock Exchange). Ce choix illustre l’importance du « risque pays » dans l’investissement minier. Après une mauvaise expérience en Chine où le gouvernement a essentiellement confisqué sa mine dès qu’elle a commencé à produire, Kiyosaki préfère désormais investir aux États-Unis.

La mine Trixie présente plusieurs avantages :

  • Elle est située dans une juridiction stable (Utah)
  • Elle emploie une main-d’œuvre locale fiable (principalement des Mormons)
  • Elle a une histoire remontant aux années 1850, avec de nombreuses données historiques

Katusa explique comment son équipe a utilisé des technologies modernes, notamment l’intelligence artificielle, pour numériser et analyser les anciennes archives minières. Cette approche a permis de découvrir le véritable potentiel de la mine que d’autres n’avaient pas vu.

La société a investi plus de 200 millions de dollars dans ce projet après avoir effectué une diligence raisonnable approfondie. L’un des principaux avantages de cette mine est qu’elle fait partie d’un « district » minier complet, avec plus de 23 mines historiquement exploitées sur ce terrain, toutes désormais consolidées sous leur contrôle.

Le contexte économique actuel favorable à l’or

Récemment, Moody’s a dégradé la note de la dette américaine, ce qui a provoqué une réaction en chaîne : les Chinois, les Japonais et d’autres détenteurs d’obligations américaines ont commencé à vendre ces titres pour acheter de l’or.

Katusa observe que même les titans de Wall Street comme Stanley Druckenmiller recommandent désormais d’avoir une exposition à l’or dans son portefeuille. Il cite un vieil adage : « L’or est la monnaie des rois, l’argent est la monnaie des gentilshommes, le troc est la monnaie des paysans, et la dette est la monnaie des esclaves. »

Quant à ses prévisions sur le prix de l’or, Katusa reste prudent. Il note que Goldman Sachs prévoit 3 700 dollars l’once d’ici fin 2025, mais personnellement, il préférerait que l’or reste en dessous de 4 000 dollars pour éviter de provoquer un « véritable chaos dans l’industrie ». Un prix entre 3 500 et 4 000 dollars serait idéal pour les bilans des sociétés minières.

Conclusion : l’or comme protection contre la dévaluation monétaire

Kiyosaki conclut en soulignant que la dégradation de la note américaine par Moody’s signifie que « le dollar américain est maintenant une monnaie de pacotille », ce qui rend l’or physique d’autant plus précieux. Il compare la situation actuelle à celle du dollar zimbabwéen (montrant un billet de 10 millions qui « ne pouvait même pas acheter un œuf bouilli »).

La question qui se pose est de savoir si le dollar américain suit le même chemin. Dans ce contexte d’incertitude économique, l’or – qu’il soit sous forme physique ou via des investissements miniers – apparaît comme une protection essentielle contre l’érosion monétaire.

Comme le résume Katusa : « L’or est un excellent placement. […] Vous pouvez être un gentilhomme, mais vous gagnerez beaucoup plus d’argent en étant avec les rois. »