J’ai 40 ans, je suis épuisé et je ne sais pas ce qui m’attend dans la vie
La transition vers une nouvelle phase de vie peut être effrayante, surtout lorsque vous avez passé deux décennies dans une structure aussi rigide que l’armée. C’est exactement le défi auquel Courtney et Ray sont confrontés alors qu’ils envisagent de quitter la vie militaire pour entrer dans le monde civil.
Se réinventer constamment : le prix de la vie militaire
« J’ai 40 ans et je suis fatiguée de me réinventer constamment et de devoir me faire de nouveaux amis. C’est épuisant. Je ne sais pas ce que je veux faire quand je serai grande et c’est un peu effrayant », confie Courtney.
Courtney et Ray ont vécu toute leur vie adulte selon un modèle défini par la carrière militaire de Ray. Ils ont déménagé de nombreuses fois, obligeant leurs trois filles à s’adapter à de nouveaux environnements régulièrement. Leur plus jeune fille, âgée de seulement six ans, aura vécu dans cinq maisons différentes après leur prochain déménagement.
Ce mode de vie a créé une dynamique particulière dans leur relation avec l’argent. Ils ont toujours convenu de vivre sur le revenu de Ray, considérant tout ce que Courtney pourrait gagner comme un bonus. Mais cette approche a créé des tensions lorsque Courtney a mis de côté son propre argent dans un compte séparé.
« Il n’aimait pas que je sépare cet argent. Il avait l’impression que j’essayais de cacher quelque chose, que c’était un peu sournois », explique-t-elle.
Un bilan financier impressionnant
Malgré ces défis, le couple a réussi à construire une situation financière solide :
– Actifs : 90 000 $
– Investissements : 590 000 $
– Épargne : 34 000 $
– Dette : 0 $
– Valeur nette totale : 715 000 $
Leur revenu mensuel combiné s’élève à 17 000 $, soit environ 210 000 $ par an, avec des coûts fixes représentant 57 % de leurs dépenses. C’est un accomplissement remarquable pour une famille de cinq personnes vivant sur un seul revenu dans une région à coût de vie élevé.
L’incertitude de la transition
« La raison pour laquelle nous sommes venus, c’est parce que nous sommes un peu incertains pour la première fois en 20 ans, ne sachant pas ce que l’avenir nous réserve financièrement », explique Ray.
Ray a servi dans l’armée pendant près de 19 ans. À 20 ans de service, il recevrait une pension équivalente à 50 % de son salaire, avec un pourcentage supplémentaire pour chaque année au-delà. Le couple doit décider s’il doit prendre sa retraite après 20 ans ou rester plus longtemps.
« Je ne sais pas ce que je veux faire quand je serai grand et c’est un peu effrayant », admet Ray.
Cette incertitude est amplifiée par le fait que Ray n’a jamais travaillé dans le secteur civil. Il ne sait pas quelles opportunités s’offriront à lui ou comment ses compétences en leadership se traduiront hors du contexte militaire.
Redéfinir les priorités à 40 ans
Courtney a récemment fait un grand pas en retournant à l’école pour devenir thérapeute après avoir été mère au foyer pendant 12 ans.
« J’ai voulu le faire pendant 10 ans. Il y a toujours une excuse. J’ai tendance à prendre des décisions par peur. Je vis dans la peur beaucoup et j’avais peur d’investir en moi-même et de faire ça. Mais quand il était déployé l’année dernière, je me suis dit, tu sais quoi, tant pis. Le temps va passer. Je ferais aussi bien de le faire », raconte-t-elle.
Ce changement reflète une prise de conscience commune au couple : « Je pense que nous pensions aussi que 40 ans, c’était si vieux. Une fois que vous avez 40 ans, vous êtes installé. Vous avez votre vie en ordre. Et je me suis dit, vous savez quoi ? Ce n’est pas si vieux et il n’est jamais trop tard pour essayer quelque chose de nouveau. »
Les objectifs futurs : stabilité et propriété
Le couple souhaite s’installer définitivement et acheter une maison dans leur région actuelle, qu’ils adorent. Ils espèrent offrir à leurs filles la stabilité qu’elles n’ont jamais eue.
« Nous voulons posséder une maison. C’est une partie de notre objectif pour nous », explique Courtney.
Leur vision idéale serait que Ray trouve un emploi dans le secteur civil qui paie au moins autant que son poste militaire actuel, que Courtney commence à travailler comme thérapeute, et qu’ils puissent vivre confortablement avec trois sources de revenus : le salaire civil de Ray, le revenu de Courtney et la pension militaire de Ray.
La relation complexe avec l’argent
L’un des aspects les plus révélateurs de leur situation est leur relation avec l’argent. Malgré leur succès financier, ils ont du mal à définir ce qu’est une « vie riche » pour eux.
Courtney a tendance à considérer les dépenses comme du gaspillage, préférant économiser pour l’avenir ou pour leurs enfants plutôt que de s’offrir des plaisirs personnels. Quand on lui demande ce qu’elle aimerait faire avec plus d’argent, elle mentionne des soins esthétiques, mais ajoute immédiatement : « Ça semble si matérialiste. »
Cette hésitation à dépenser pour elle-même révèle une mentalité profondément ancrée : « Je suis très opposée aux dettes. Je pense que le plus grand enseignement que j’ai reçu est que si vous n’avez pas l’argent pour quelque chose, vous ne l’achetez pas. Et j’ai l’impression que dépenser 750 $ pour un traitement de soins de la peau est très extravagant et que cela enlève de l’argent que d’autres pourraient utiliser ou que je pourrais utiliser pour nos enfants. »
Victimes de leurs propres règles
Le couple a construit leur vie financière autour de règles strictes d’économie et d’investissement, mais ces règles sont devenues une cage dorée.
« Je suis victime de mes propres règles. J’ai établi ces règles que nous devons suivre pour l’argent parce que je pense que c’est la bonne chose à faire et je n’ai jamais pensé à m’en écarter. Et peut-être que ce n’est pas la meilleure chose ou la chose la plus sophistiquée à faire pour bénéficier à notre famille », reconnaît Courtney.
Ils ont été si concentrés sur l’optimisation de leurs économies qu’ils n’ont jamais calculé combien ils auraient réellement à la retraite. Lorsqu’on leur présente le chiffre – environ 5,1 millions de dollars à 65 ans, sans compter la pension – ils sont stupéfaits.
« Ça ne semble pas réel », dit Courtney.
Redéfinir la vie riche
Le véritable défi pour Courtney et Ray n’est pas financier mais conceptuel. Ils doivent passer de la question « Pouvons-nous prendre notre retraite ? » à « Que voulons-nous vraiment ? »
Lorsqu’on leur demande de définir leur « vie riche », ils ont du mal à répondre. Ray mentionne voyager en classe affaires, mais admet n’avoir jamais volé en classe affaires auparavant.
En creusant davantage, ils commencent à identifier ce qui compte vraiment pour eux :
– Courtney aime les concerts de musique live avec de bonnes places
– Ray apprécie emmener ses filles voir des matchs de football professionnel
– Courtney aimerait plus de soins personnels comme des massages et des soins du visage
– Ils rêvent d’un voyage familial au Japon, mélangeant gastronomie haut de gamme et expériences locales authentiques
– Ray aimerait une maison de vacances à Tahoe, tandis que Courtney préfère posséder une résidence principale dans leur région actuelle
Changer de mentalité et de systèmes
Pour vraiment vivre leur vie riche, Courtney et Ray doivent non seulement changer leur mentalité mais aussi leurs systèmes financiers.
« Il y a plusieurs raisons pour lesquelles vous n’avez pas pu dépasser l’épargne et l’investissement. Au niveau le plus profond, c’est la façon dont vous conceptualisez tous les deux l’argent. Surtout Courtney, vous voyez que dépenser, c’est gaspiller. »
Au lieu de puiser occasionnellement dans leur compte courant pour des dépenses spéciales, ils devraient créer des comptes d’épargne dédiés à des objectifs spécifiques comme les voyages, les concerts ou les escapades en couple.
« Ce n’est pas à propos de ces changements transactionnels ponctuels. Il s’agit en fait de faire un plan plus large et ensuite de mettre en place votre argent pour le soutenir. »
Préparer l’avenir professionnel
Pour Ray, la transition vers la vie civile nécessite une exploration active des opportunités de carrière. Il s’intéresse aux rôles de gestion de projet ou d’opérations, et des entreprises comme Patagonia l’attirent.
En recherchant activement des profils similaires sur LinkedIn et en demandant des entretiens informatifs, Ray peut commencer à se familiariser avec le monde professionnel civil et à identifier les rôles qui correspondent à ses compétences et à ses intérêts.
En termes de potentiel financier, Ray estime qu’il pourrait gagner environ 225 000 $ dans le secteur civil. Combiné au revenu potentiel de 50 000 $ de Courtney et à une pension militaire d’environ 80 000 $, le couple pourrait disposer d’un revenu annuel de 350 000 $ – plus que suffisant pour acheter une maison dans leur région préférée et vivre confortablement.
Conclusion : Vivre maintenant, pas seulement pour demain
Le message final pour Courtney et Ray est clair : ils ont fait le travail difficile en construisant une base financière solide. Maintenant, ils doivent apprendre à profiter des fruits de leur travail.
« Je ne pense pas que l’épargne et l’investissement aveugles soient la bonne réponse ici. Je pense que vous avez fait un très bon travail. Je pense que vous allez continuer à faire du bon travail. Même si Ray ne gagne pas 225 000 $, mais plutôt 175 000 $, vous aurez toujours plus qu’assez. Alors, la question est, que voulons-nous vraiment ? »
La vie riche ne consiste pas seulement à atteindre un certain chiffre dans un compte d’investissement. Il s’agit de vivre intentionnellement, d’apprécier le présent tout en planifiant l’avenir, et de créer des expériences significatives pour soi-même et sa famille.
Comme le dit Courtney dans sa réflexion finale : « Ray et moi avons tendance à vivre en pilote automatique. Je pense que mon plus grand enseignement de la conversation est d’être intentionnelle. Et ce n’est pas seulement avec notre argent. C’est en quelque sorte avec tout ce que nous faisons dans nos vies. Au lieu d’être en pilote automatique toute la journée, j’essaie de prendre des décisions qui sont intentionnelles et qui soutiennent ce qui compte vraiment pour moi. »
C’est peut-être la leçon la plus précieuse de toutes – non pas combien économiser, mais comment vivre pleinement avec ce que vous avez déjà accompli.