Pourquoi les comptes oubliés battent les pros de Wall Street : stratégies d’investissement passif
Vous serez peut-être surpris d’apprendre que les meilleurs comptes d’investissement ne sont pas toujours ceux qui sont gérés avec le plus d’attention. En fait, selon une étude révélatrice de Fidelity, les comptes les plus performants parmi les billions de dollars qu’ils gèrent ne sont ni des fonds activement gérés, ni des investissements agressifs en actions individuelles. La réponse est bien plus surprenante.
Les comptes oubliés : champions inattendus de la performance
Fidelity a découvert que leurs comptes les plus performants étaient simplement… les comptes abandonnés. Oui, vous avez bien lu : les comptes que les gens avaient complètement oubliés, dont ils ignoraient même l’existence, ont généré les meilleurs rendements.
L’étude va encore plus loin en révélant que certains de leurs comptes les plus performants sont des comptes de succession, où quelqu’un est décédé et il peut falloir cinq à dix ans pour trouver les bénéficiaires ou régler la succession. Ces comptes, où absolument rien ne se passait, surpassaient souvent ceux où les investisseurs intervenaient activement.
Cette réalité contre-intuitive nous rappelle la sagesse du regretté Charlie Munger, partenaire de Warren Buffett chez Berkshire Hathaway. Alors que l’expression populaire dit : « Ne reste pas là sans rien faire, agis ! », Charlie renversait ce conseil pour les investisseurs : « Ne fais pas quelque chose, reste là. Ne fais rien. N’agis pas. » Car souvent, ne prendre aucune action est préférable à prendre une mauvaise décision sous le coup de l’émotion.
Les gestionnaires professionnels font-ils mieux ?
On pourrait penser que les gestionnaires professionnels, avec leur formation et leur expertise, obtiendraient de meilleurs résultats. Après tout, ils facturent des frais pour leurs services. Mais qu’en est-il réellement ?
Les statistiques sont révélatrices :
- Selon Morningstar, seulement 42% des fonds communs gérés activement battent leurs homologues passifs (les indices)
- D’après Spiva, 90% des fonds américains gérés activement ont sous-performé par rapport au S&P 500 sur les 15 dernières années
- Le New York Times rapporte que moins de 5% des gestionnaires actifs de fonds d’actions américains ont battu leurs indices de référence sur les 20 dernières années
Même les professionnels qui se présentent comme des experts ne parviennent qu’en très petit nombre à faire mieux que les indices passifs. Alors, que devons-nous faire en tant qu’investisseurs ? Comment devrions-nous aborder nos investissements ?
Trois stratégies d’investissement populaires à évaluer
Face à ces constats, plusieurs stratégies d’investissement simples ont gagné en popularité, notamment sur les réseaux sociaux. Examinons les trois plus répandues :
1. VOO pour la vie
La stratégie probablement la plus populaire que l’on voit sur les réseaux sociaux est « VOO for life » (VOO pour la vie). Pour les novices, VOO est l’ETF (fonds négocié en bourse) de Vanguard qui suit le S&P 500. Cette approche consiste simplement à acheter cet ETF et à le conserver jusqu’à la retraite.
Le S&P 500 représente les 500 plus grandes entreprises cotées en bourse aux États-Unis. Il s’agit de noms que vous connaissez : Home Depot, Apple, Alphabet (Google), Facebook (Meta), etc. L’ETF VOO tente de reproduire cet indice, qui est pondéré par capitalisation boursière (les plus grandes entreprises ont le pourcentage le plus élevé). Il s’agit principalement d’un investissement dans des grandes entreprises américaines, avec peut-être une petite part de moyennes capitalisations.
2. Le portefeuille à trois fonds
Cette stratégie est un peu différente. Elle combine généralement :
– Des actions américaines
– Des actions internationales
– Des obligations ou autres revenus fixes
Les investisseurs répartissent leurs avoirs selon leur situation personnelle. Certains optent pour une répartition 70/15/15, d’autres pour 95/5/0, etc.
Pour notre analyse, nous considérerons un portefeuille équilibré composé de trois ETF Vanguard :
– 70% dans VTI (indice total du marché boursier américain)
– 15% dans VXUS (actions internationales)
– 15% dans BND (obligations)
Cette répartition peut varier selon votre tolérance au risque et vos objectifs personnels.
3. La stratégie Dave Ramsey
Dave Ramsey, connu pour ses conseils en matière de désendettement, recommande de répartir votre portefeuille également entre quatre catégories :
– Growth and income (Croissance et revenu)
– Growth (Croissance)
– Aggressive growth (Croissance agressive)
– International (International)
Cette approche semble fortement orientée vers la croissance. « Growth and income » comprend probablement un mélange d’actions de grande capitalisation, à la fois de valeur et de croissance. « Growth » signifie probablement des actions plus agressives de grande capitalisation. « Aggressive growth » correspond probablement à des petites capitalisations pour obtenir plus de croissance en augmentant le risque. Et « International » comporte par nature de nombreuses composantes de croissance.
Bien que Ramsey ne recommande pas de fonds spécifiques, nous connaissons certains fonds qui correspondent à ces catégories, notamment par le biais de son réseau de prestataires locaux agréés.
Comment évaluer ces stratégies
Pour déterminer quelle stratégie pourrait vous convenir, nous devons les évaluer selon plusieurs critères :
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L’allocation : Comment chaque stratégie répartit-elle les actifs entre différentes classes d’actifs ou différents investissements ?
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Le profil de risque : Comment chaque portefeuille gère-t-il le risque ?
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La performance : En fin de compte, quelle stratégie a donné les meilleurs résultats ? Laquelle a donné les pires ? Et que devriez-vous en retenir ?
L’importance de comprendre ce que vous achetez
Avant d’adopter l’une de ces stratégies, il est essentiel de comprendre ce que vous achetez réellement. Chaque approche implique différentes allocations d’actifs et différents niveaux de risque.
La stratégie VOO vous expose uniquement aux grandes entreprises américaines. Le portefeuille à trois fonds offre une diversification plus large, incluant des actions internationales et des obligations. La stratégie de Dave Ramsey semble fortement orientée vers la croissance, ce qui pourrait impliquer plus de volatilité.
Conclusion : la patience récompensée
L’étude de Fidelity nous rappelle une vérité fondamentale en matière d’investissement : parfois, la meilleure action est l’inaction. Les investisseurs qui laissent leurs placements tranquilles pendant de longues périodes évitent les pièges émotionnels et les décisions impulsives qui nuisent souvent aux rendements.
Quelle que soit la stratégie que vous choisissez, rappelez-vous que l’investissement est un marathon, pas un sprint. La discipline et la patience sont souvent les ingrédients les plus importants du succès financier à long terme.
Comme le disait si bien Charlie Munger : « Ne faites pas quelque chose, restez là. » Cette sagesse, bien que contre-intuitive, pourrait être la clé pour battre même les professionnels de Wall Street.
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