Comment les Leaders Performants Prospèrent à l’Ère Numérique
Dans un monde où la technologie évolue à une vitesse fulgurante, comment les baby-boomers peuvent-ils diriger efficacement dans un environnement dominé par la génération Z ? Comment pouvons-nous adapter nos compétences de leadership, acquises au fil de plusieurs décennies, pour faire face aux changements technologiques et aux nouvelles mentalités qui caractérisent cette ère numérique ? Cet article explore les compétences de leadership qui prospèrent dans l’environnement commercial actuel, avec l’expertise de Mike Peterson, auteur du livre « Leading in the Age of Digital Disruption ».
L’intersection unique entre RH et technologie
Mike Peterson possède un parcours professionnel atypique qui lui confère une perspective unique sur le leadership à l’ère numérique. Passionné de technologie depuis toujours, il a commencé sa carrière dans la réparation informatique avant de se tourner vers les ressources humaines. Après environ dix ans dans ce domaine, il est devenu directeur RH dans une entreprise pharmaceutique cotée en bourse, où il s’est concentré sur l’utilisation de la technologie pour aider les leaders à prospérer.
Ce qui rend son expérience particulièrement précieuse, c’est qu’il a fini par superviser à la fois le département RH et le département informatique pendant les cinq ou six dernières années de sa carrière en entreprise. Cette double responsabilité lui a permis de découvrir les similitudes surprenantes entre ces deux fonctions, un lien que peu de gens perçoivent.
Après un problème de santé qui l’a amené à repenser ses priorités, Mike a quitté le monde de l’entreprise pour lancer sa propre activité. Aujourd’hui, il se concentre sur cette intersection entre RH et IT, et comment ces deux domaines peuvent être exploités de manière similaire pour construire des équipes hautement performantes.
Le fossé générationnel face à la technologie
La technologie évolue à un rythme sans précédent. Pour mettre cette évolution en perspective, Mike rappelle qu’à ses débuts, son premier appareil connecté était un bipeur – un concept totalement inconnu pour de nombreux jeunes aujourd’hui. À cette époque, il fallait trouver une cabine téléphonique pour rappeler quelqu’un. Aujourd’hui, la communication instantanée est omniprésente.
La loi de Moore, qui date des années 60, stipulait que les capacités technologiques doublaient tous les dix ans. Aujourd’hui, cette progression semble se produire tous les 90 jours. Il y a quatre ans, ce qu’on appelait IA était principalement de l’apprentissage automatique, mais aujourd’hui, nous sommes au seuil de la singularité et d’une véritable intelligence artificielle.
Ce rythme d’évolution crée un véritable fossé générationnel. Les baby-boomers et même les Gen X ont grandi avec des technologies radicalement différentes – cartes perforées, programmation BASIC, recherches sur Lexis Nexis avec des connecteurs booléens. Leurs cerveaux sont littéralement câblés différemment de ceux des millennials et de la génération Z.
Les piliers du leadership moderne
Dans son livre « Leading in the Age of Digital Disruption », Mike Peterson identifie trois piliers fondamentaux du leadership moderne :
1. La confiance
La confiance est souvent mal comprise, surtout dans un contexte de travail à distance ou hybride. Certains managers pensent que faire confiance signifie ne pas vérifier le travail de leurs employés. Mais la confiance n’a pas besoin d’être aveugle.
Mike définit la confiance comme « la croyance mutuelle que nous travaillons dans l’intérêt de l’entreprise ». Cela n’empêche pas la communication et la construction de relations. Les leaders doivent activement chercher à bâtir la confiance en agissant de manière cohérente, empathique et transparente, tout en communiquant en temps réel.
2. La communication transparente
La communication transparente est essentielle, surtout dans un environnement de travail distribué. Mike raconte l’exemple d’un leader d’une organisation mondiale qui créait involontairement de la méfiance en reportant les conversations importantes jusqu’à ce que les employés soient physiquement présents au bureau.
Pendant ce temps, les employés déjà présents au bureau recevaient l’information et la transmettaient aux autres, créant ainsi un moulin à rumeurs. Une simple adaptation – organiser rapidement une réunion Zoom plutôt que d’attendre une rencontre en personne – peut considérablement améliorer la confiance.
3. La responsabilisation
La responsabilisation est souvent mal interprétée comme une conséquence négative (« Mike a raté cette échéance mais n’a pas été licencié, donc il n’y a pas de responsabilisation »). Cette vision est obsolète.
La véritable responsabilisation repose sur la confiance. Elle implique de communiquer clairement les objectifs et les attentes, d’établir un cadre transparent concernant qui fait quoi dans l’organisation, quand, quelles sont les étapes importantes, et comment elles s’alignent avec les objectifs de l’entreprise. Le « pourquoi » de ce que nous faisons est crucial.
Lorsque les employés ont une idée claire de ce à quoi ressemble le succès et qu’ils se sentent propriétaires de leur travail, ils sont généralement motivés pour réussir.
Intégrer la technologie dans le leadership
La communication asynchrone
Lorsque les équipes travaillent à travers différents fuseaux horaires, comme c’est souvent le cas avec l’Europe et l’Asie, les heures de chevauchement peuvent être limitées à seulement 30 minutes ou une heure par jour. Dans ces situations, des outils de communication asynchrone comme Asana peuvent être précieux.
Ces plateformes permettent de définir des jalons, des dates d’échéance et des responsabilités, tout en servant d’outil pour suivre les progrès et communiquer les mises à jour. Les employés peuvent consulter ces informations à leur convenance, sans avoir besoin de réunions constantes pour obtenir des mises à jour.
L’IA comme outil de leadership
L’IA offre un accès facile à des capacités de réflexion et de brainstorming. Un avantage majeur de l’IA est sa capacité à traiter l’information sans émotion, ce qui peut être particulièrement utile pour les décisions de leadership qui peuvent être chargées émotionnellement.
Par exemple, les leaders peuvent utiliser ChatGPT pour décrire une situation, expliquer leur réponse prévue à un employé, et obtenir des conseils objectifs. Mike suggère même de laisser l’IA rédiger certains emails, car elle peut communiquer les faits sans l’émotion qui peut parfois transparaître dans nos communications écrites.
Bien que les conversations en face à face ou par téléphone restent préférables aux emails, elles ne sont pas toujours possibles en raison des différences de fuseaux horaires ou d’autres contraintes. Dans ces cas, l’IA peut servir de système de vérification et d’équilibre pour s’assurer que la communication reste objective et concise.
Les avantages des générations plus âgées à l’ère numérique
Bien que les générations plus âgées puissent se sentir désavantagées face aux nouvelles technologies, elles possèdent certaines compétences précieuses que les plus jeunes n’ont pas nécessairement développées :
Capacité à poser les bonnes questions
Les générations plus âgées ont dû travailler dur pour formuler les bonnes questions, car l’information n’était pas facilement accessible. Cette compétence s’avère particulièrement utile avec l’IA, où la qualité de la réponse dépend directement de la qualité de la question posée.
Aptitude à la recherche
Ceux qui ont grandi en cherchant des informations dans l’Encyclopédie Britannica, puis en parcourant de nombreuses pages web sur Google, ont développé une capacité précieuse à rechercher et à évaluer l’information. Cette compétence est essentielle à l’ère de l’IA, car bien que l’IA soit capable de fournir rapidement des réponses, elle n’est pas toujours 100% précise.
Les générations plus âgées ont tendance à avoir ce « test d’odeur » qui les pousse à vérifier les informations qui semblent douteuses, tandis que les plus jeunes peuvent accepter plus facilement ce qui est généré par l’IA comme étant la nouvelle vérité.
Créer une culture d’apprentissage
Pour transmettre ces compétences aux générations plus jeunes, Mike recommande de développer une culture d’apprentissage au sein de l’organisation. Personne n’est parfait, personne n’a toutes les réponses, et c’est tout à fait acceptable. L’important est de continuer à apprendre en tant qu’organisation et en tant que leader.
Ce cycle d’apprentissage implique d’identifier un problème ou un défi, d’acquérir de nouvelles compétences, de les appliquer à la pratique pour surmonter le défi, puis de continuer à apprendre et à appliquer ces apprentissages au quotidien.
De nombreuses organisations ont peur de l’échec. Nous voulons tous avancer rapidement, faire les choses plus vite, plus grand, plus fort. Mais une partie de la construction de la confiance vient de la capacité à échouer. Sans échec, il ne peut y avoir d’innovation. Il faut être prêt à expérimenter pour continuer à obtenir les meilleures réponses possibles.
Trois conseils pour les leaders de plus de 40 ans
Si Mike devait donner trois conseils aux leaders de plus de 40 ans pour améliorer leur organisation d’un point de vue leadership à l’ère numérique, il mettrait l’accent sur les trois éléments qui font souvent défaut :
- La confiance – Adaptée à travers le prisme de la technologie
- La communication transparente – En temps réel, même si cela signifie utiliser des outils numériques plutôt que d’attendre une réunion en personne
- La responsabilisation – Pas comme une conséquence négative, mais comme un cadre clair où les employés savent ce qu’est le succès
Conclusion
À l’ère numérique, le leadership efficace repose sur une combinaison de compétences traditionnelles adaptées au nouveau contexte technologique. La confiance, la communication transparente et la responsabilisation restent fondamentales, mais doivent être appliquées différemment.
Les leaders doivent s’assurer que leurs employés comprennent clairement à quoi ressemble le succès, impliquer les clients et les employés dans le développement des produits et de la culture, et utiliser les outils technologiques disponibles pour faciliter ces processus.
Comme le souligne Mike Peterson, ces concepts sont simples, mais ils se manifestent différemment selon les organisations. En adoptant ces principes et en créant une culture d’apprentissage, les leaders de toutes générations peuvent prospérer dans notre monde numérique en constante évolution.
En fin de compte, une communication transparente, une responsabilisation claire et une compréhension partagée du succès ne conduisent pas seulement à une meilleure performance organisationnelle, mais aussi à une plus grande rentabilité et à une gestion fiscale optimisée.